Lora
(Amazona barbadensis)
P.R. mars 2013
Texte d’Auke van der Does
Traduction: Philippe Sautelet
Introduction
Bonaire, Saint-Eustache et Saba sont des entités publiques des Pays-Bas. En langage commun, on les appelle ‘communes à statut particulier’. Est-ce qu’alors les Pays-Bas possèdent des becs crochus indigènes? Sur l’île de Bonaire, on retrouve deux espèces de becs crochus et on les appelle là-bas : lora et prikichi. J’ai visité cette belle île des Caraïbes avec mon amie à la fin de l’été passé et nous sommes parties à la recherche de ces espèces. C’est naturellement un peu moins passionnant que de détenir soi-même des becs crochus mais la recherche de ces magnifiques oiseaux dans la nature m’intéresse tout particulièrement. Via Rob Westgeest (qui d’autre ?) j’ai pris contact avec Mme Vornis qui m’a indiqué que les loras étaient bien présentes entre autres à Kralendijk. J’étais rassurée mais on se demande malgré tout si on réussira à voir l’oiseau.
Bonaire
L’île de Bonaire est longue de 40 km, large de 5 à 12 km et compte environ 15.700 habitants. La température moyenne s’élève à 27,5 degrés Celsius. La distance qui la sépare du Venezuela est d’environ 80 km. L’île est surtout connue par les plongeurs mais elle peut aussi attirer les amateurs d’oiseaux. Comme espèces, on retrouve entre autres : l’amazone à épaules jaunes, la conure cuivrée, le flamant des Caraïbes, le goglu commun ou bobolink, le pigeon jounud, le pélican, le balbuzard pêcheur, la frégate, le pigeon à cou rouge, diverses espèces de hérons, diverses espèces de pinsons, etc… Trop nombreux pour les citer tous au fond et très colorés.
Lora
Les habitants de l’île appellent l’amazone à épaules jaunes (Amazona barbadensis) sous le nom de lora. En Europe, cette espèce a été élevé pour la première fois par R. Low en 1982. Elle a visité l’île en 1979 et elle avait observé ces oiseaux dans les alentours de Fontein. Nous avons d’ailleurs commencé notre périple à cet endroit. Autour de Fontein, il y a des roches escarpées. Et on sait que ces oiseaux utilisent ces roches escarpées comme dortoir et lieu de reproduction. C’est bien là que nous avons trouvé notre première lora. Quelle vue fantastique d’observer comment un tel oiseau peut se poser sur un cactus sans se blesser. Nous n’avons pas pu aller plus loin car c’était fermé. Nous nous sommes ensuite dirigées vers le parc Washington Slagbaai. Le gardien du parc nous indiqua que la plupart des loras séjournaient en dehors du parc. Il existait une chance de pouvoir en rencontrer quelques unes dans le parc mais il n’en connaissait pas l’endroit. Finalement, nous avons rencontré et pu observer plusieurs oiseaux dans le parc. Plusieurs se sont fait entendre mais ils se tenaient cachés hors de notre vue.
Le gardien du parc nous renseigna que les loras pouvaient être observés à Rincon et Kralendijk vers 6h du matin dans les grands arbres. Et, comme vous vous en doutez, les jours suivants vers 6h, comme des malheureuses, nous sommes parties à la recherche d’arbres pour narguer les loras. Bien sûr, le décalage horaire avec les Pays-Bas nous pesait un peu et il fallait quand même se lever tôt. Mais cela a payé et surtout aux environs de Rincon, nous avons vu plusieurs loras en train de manger dans les arbres verts (fleurs et feuilles). Il s’agissait essentiellement de petits groupes de deux à dix individus. Après avoir mangé, les différents couples étaient bien visibles car ils se nourrissaient et se nettoyaient mutuellement. Il s’avéra aussi que les jeunes étaient encore proches de leurs parents. Autour de Kralendijk, nous avons vécu la même situation mais là, la plupart des oiseaux étaient perchés sur des câbles électriques et pas dans les arbres. Les deux villes étaient bien accessibles et les oiseaux faciles à observer.
Sur l’île, nous avons finalement rencontré les loras dans sa partie nord et nord-ouest et vraiment à partir de Dos Pos direction Rincon suivant une ligne direction Seru Largu et surtout au sud de Kralendijk. Nous avons aussi vu quelques oiseaux dans une zone aride avec des cactus près de Kunchi. Nous avons été surpris que les oiseaux se tenaient plus sur leur garde dans les zones boisées et que nous pouvions les approcher moins facilement. De plus, l’accès était plus ardu de par la végétation plus dense, ce qui nous a même empêchés d’atteindre certains endroits.
La population des loras sur l’île de Bonaire est actuellement estimée à 650 individus. Leur nombre semble en croissance; vers 1980, la population était estimée à 400. Un guide nous révéla lors d’une excursion que des habitants de l’île prenaient des jeunes au nid avant leur envol et les baguaient pour les vendre comme des oiseaux élevés à la main (J’en ai déjà eu écho en juin 2011 via WNF et « Onze Vogels »). Un développement dangereux, car la population peut fortement régresser si les oiseaux reproducteurs deviennent trop âgés et qu’ils ne sont pas remplacés par des plus jeunes. En plus de cela, il y a encore les menaces suivantes: la chasse (à cause des dégâts aux arbres fruitiers), la perte d’habitat (mise à nu du milieu vital par les chèvres et les ânes errants ainsi que par l’homme), la mortalité due aux prédateurs importés (les rats et les chats) et la sécheresse (dans les années septante, de nombreux oiseaux sont décédés suite à une sécheresse persistante).
Heureusement sur l’île de Bonaire, les fondations Salba Nos Lora et Echo s’occupent de protéger les loras. Les deux s’investissent de différentes manières dans la protection des loras et leur habitat. Vu l’augmentation du nombre d’oiseaux, ces fondations semblent être efficaces. Elles devront toujours s’impliquer à 100% pour maintenir le cap car la population ne dispose que d’un milieu vital limité entouré de dangers extérieurs.
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