Le cacatoès de Goffin, une analyse complète.

Cacatua goffini (Finsch 1863)

P.R. 2011

Ron Caris

Traduction:  Philippe Sautelet

En collaboration avec Euro Parrot

Le mot Cacatua est un nom latin qui est originaire du malais: Kakatua signifie ‘grand perroquet’ ou ‘tenaille’. Goffini est le nom latinisé du néerlandais Andrea Leopold Auguste Goffin (1837-1863), qui fut actif comme scientifique au musée national néerlandais naturel historique à Leiden (maintenant Naturalis). Le scientifique allemand Otto Finsch (1839-1917) dénomma ainsi ce cacatoès en souvenir de son collègue et ami décédé, qui mourut en 1863 à l’âge de 26 ans.

Le cacatoès de Goffin appartient au groupe des corellas (Licmetis) – comme sous-famille des Cacatuidae – au même titre que le cacatoès à oeil nu (Cacatua sanguinea), le cacatoès nasique (Cacatua tenuirostris), le cacatoès nasique occidental (Cacatua pastinator), le cacatoès de Ducorps (Cacatua ducorpsi) et le cacatoès des Philippines (Cacatua haematuropygia). Une analyse a été réalisée pour savoir si le cacatoès de Goffin était une espèce à part entière, alors qu’il y a un lien génétique très proche avec le cacatoès à œil nu (Cacatua sanguinea). Sur base des différences de comportement les plus importantes, il a été constaté: un cacatoès de Goffin couve de 27 à 30 jours, tandis que la couvaison du cacatoès à oeil nu ne dure seulement que 21 à 25 jours. Le temps aussi que prend un jeune cacatoès de Goffin pour quitter le nid est plus long: entre soixante-cinq et septante-cinq jours alors que le jeune cacatoès à œil nu se contente de quarante-cinq à cinquante-cinq jours.

Les dénominations anglaises sont ‘Goffin’s Cockatoo’, ‘Tanimbar Cockatoo’ et ‘Tanimbar Corella’. En néerlandais, ce cacatoès s’appelle ‘Goffin’s kaketoe’ ou ‘Goffini kaketoe’; en allemand, ‘Goffin-Kakadu’; en portugais, ‘Cacatua de Goffin’ et finalement en espagnol, ‘Cacatùa de Goffin’.

Le cacatoès de Goffin a un plumage blanc. Les lores sont roses et la zone auriculaire montre une teinte jaunâtre. Les plumes de la tête sont légèrement roses et d’un rose saumon à leur base, mais ceci n’est pas fort visible. Leur huppe n’est pas fort visible et forme une sorte de casque sur la tête. La partie inférieure de l’aile et des plumes de la queue sont légèrement jaunes. Le cacatoès de Goffin a une large huppe ronde. Le cercle oculaire est bleu ciel. L’iris du mâle est noir, les pattes sont grises et le bec est blanc gris. La femelle ressemble extrêmement au mâle (parfois plus fine de stature), mais son iris est brun rouge. Les jeunes cacatoès ressemblent aux adultes, mais leurs iris sont toujours plus foncés. La femelle acquiert sa couleur adulte de l’iris à l’âge de deux à trois ans.

Le cacatoès de Goffin a une taille moyenne de 32 cm. Les ailes ont une longueur de 22,1 cm et la queue mesure 10,6 cm. Le bec mesure 3,1 cm et la patte 2,4 cm. Un cacatoès de Goffin pèse entre 300 et 330 gr et doit être bagué avec une bague fermée sans soudure de 10 mm.

Les cacatoès de Goffin occupent plusieurs îles de l’archipel de Tanimbar entre la mer de Banda et la mer d’Afura (principalement Yamdena, Foradate et Selaru) dans la province des Molluques (Maluku) en Indonésie. Les cacatoès de Goffin se retrouvent aussi plus au nord sur l’île Tual dans l’archipel de Kai dans la mer de Banda.

Les cacatoès de Goffin ont aussi été introduits avec succès à Singapour. A “Changi Village”, il y en a habituellement cinq dans les cimes des arbres sur la route principale et ils nichent dans les cavités qu’ils trouvent dans ces arbres. Il y a 20 cacatoès de Goffin sur le territoire de Loyang-Changi. Dans le reste de la ville état de Singapour, on peut encore trouver quarante individus (l’île de Sentosa incluse). En plus de ceci, il y a une petite colonie viable de soixante-cinq cacatoès de Goffin en dehors de leur milieu d’origine en Indonésie.

Le cacatoès de Goffin préfère les forêts tropicales humides et les bords des forêts. Le cacatoès de Goffin se rencontre parfois dans les zones cultivées. Leur milieu vital, d’origine volcanique sur ces îles, est influencé d’un côté par les vents secs australiens et de l’autre côté, par la mousson humide.

Le cacatoès de Goffin n’est plus présent que localement. Hélas, ces cacatoès sont sérieusement menacés par le commerce et le déboisement. Le déboisement a été stimulé par le gouvernement indonésien qui a vendu à une firme japonaise une grande partie des forêts tropicales sur les îles de Tanimbar. Des coupes à blanc ont eu lieu avec beaucoup de conséquences écologiques; parmi lesquelles la disparition de l’aire naturelle des cacatoès de Goffin.



En captivité, ce sont les deuxièmes cacatoès les plus courants et les neuvièmes sur la liste des perroquets en cages et volières.
En ce qui concerne la législation, les cacatoès de Goffin sont sérieusement menacés. En novembre 1992, toute exportation ou commerce de ces cacatoès furent complètement interdits. De 1983 à 1989, pas moins de 100.000 cacatoès de Goffin furent enlevés de leur milieu naturel pour être destinés au commerce international. On peut encore trouver maintenant quelques centaines de couples  qui vivent sur un territoire très restreint. Il est encore regrettable que les cacatoès de Goffin soient toujours considérés comme de la vermine par un bon nombre de cultivateurs. Les cacatoès visitent leurs champs cultivés et occasionnent souvent des dégâts visibles. Quelques cultivateurs combattent encore toujours ces cacatoès.

Les cacatoès de Goffin bagués sont repris dans l’annexe A de la législation de l’union européenne (UE) (Liste I CITES). Cela signifie qu’il faut un certificat CITES pour les détenir. Les cacatoès de Goffin non bagués sont menacés et ne peuvent par conséquent ni être détenus ni être importés ou exportés sans certificat CITES. Le propriétaire qui ne peut pas démontrer que le cacatoès n’est pas entré légalement en sa possession ne reçoit pas de certificat CITES et risque la saisie. Légalement signifie que le cacatoès a été importé avec une autorisation d’importation CITES ou que l’on peut prouver qu’il est né et qu’il a été élevé ici en captivité. Il y a seulement une exception possible: si le cacatoès de Goffin était déjà en votre possession avant que celui-ci ne fut intégré à la liste I (soit avant novembre 1992). Le propriétaire doit pouvoir prouver que ce cacatoès a été obtenu légalement en son temps ou que celui-ci a été déclaré au bureau CITES dans les 6 mois suivant le passage en liste I.

Leur comportement naturel n’a pas encore été beaucoup étudié. Les cacatoès de Goffin se rencontrent le plus souvent en couples ou petits groupes (familles) de trois à dix individus sur leurs lieux de rassemblement. Ils préfèrent les grands arbres et lorsqu’ils y sont, ils sont visibles et faciles à observer.

Les cacatoès de Goffin peuvent être entendus de loin. Ils sont très prudents et difficiles à approcher. Leur vol, rapide et direct, est accompagné en permanence de cris.

Les cacatoès de Goffin se nourrissent de différents fruits, baies, fleurs, noix et insectes qui constituent leur alimentation principale. Parfois, ils envahissent les champs de maïs où ils causent des dégâts (légers).

La saison de reproduction s’étale sur l’année entière et dépend du climat et de la nourriture disponible. La ponte se compose de deux œufs et exceptionnellement trois. Un œuf mesure 38,4 sur 28,4 mm.

Les cacatoès de Goffin peuvent être parfois très bruyants. Les cacatoès adultes sont d’abord timides et réservés mais ils deviennent ensuite rapidement confiants. Ils sont très curieux et actifs. Ils mordillent volontiers des branches fraîches sans qu’il semble en avoir une utilité. Ils peuvent ne pas être seulement bruyants mais la nuit, ils peuvent aussi être très actifs, en particulier lors de la pleine lune. On peut alors entendre leurs (puissants) cris de nuit, ce qui est typique chez cette espèce de cacatoès. Les cacatoès de Goffin sont très sensibles à une infection virale touchant les plumes et le bec. C’est une maladie infectieuse mortelle qui empêche la croissance des plumes et qui atteint le bec. Les plumes sont touchées après quelques années . A l’heure actuelle, aucun remède n’existe.

En 2007, un jeune couple de cacatoès de Goffin d’un an coûtait 1500 EUR aux Pays-Bas et en Flandre et 1700 EUR pour un couple adulte. Un jeune cacatoès de Goffin apprivoisé coûte 1250 EUR. Les prix sont stables depuis quelques années. Dans notre aviculture, l’on remarque qu’il y a un grand manque de femelles. Cela se voit en élevage (plus de mâles que de femelles) mais sûrement aussi suite à l’agressivité des mâles mâtures. Il arrive régulièrement que les femelles ne survivent pas à cette agressivité. Le manque de femelles explique le prix souvent supérieur à 1000 EUR.

La volière doit de préférence avoir une grandeur de 4 à 5 mètres sur 2. La température minimale pour eux se situe à 5°C. A des températures plus basses lors de la période de reproduction, ils peuvent être sujets au mal de ponte. Comme ils ont des becs puissants, leur volière doit être construite avec un grillage épais.

Les cacatoès de Goffin ont besoin d’un mélange de graines fraîches constitué de tournesol, de carthame, d’avoine, de blé, de sarrasin et de riz paddy. Du maïs cuit et du maïs mi-mûr, diverses sortes de fruits et légumes sont également nécessaires. Une adjonction régulière de minéraux et de suppléments vitaminés, en particulier de la vitamine C, est utile pour ces petits cacatoès. Des graines germées doivent être proposées lors des périodes plus chaudes.

La reproduction a déjà été réussie à de nombreuses reprises. Durant la saison de reproduction, les femelles mâtures sont régulièrement mortellement blessées par leur partenaire masculin. Dès qu’un mâle laisse entrevoir un comportement agressif, il faut le séparer de sa partenaire. Même s’il s’agit de couples qui ont déjà reproduit durant des années avec succès, les femelles peuvent soudainement subir des agressions.

Dans une enquête en 1991 réalisée par le « World Parrot Trust » auprès de quatre parcs animaliers européens et de quinze éleveurs de cacatoès indonésiens, il ressortit que des trente-cinq couples reproducteurs, il y avait sept couples de cacatoès de Goffin (20%). Les sept couples de cacatoès de Goffin pondirent cinquante-huit œufs (une moyenne de 8,3 œufs par an), dont quinze non-fécondés (26%) et au total, trente-six jeunes de cacatoès de Goffin (62%) sortirent de l’œuf, alors que sept (12%) n’ont pas éclos. De tous les jeunes de cacatoès de Goffin, huit (22%) furent élevés par leurs parents et dix-sept jeunes (47%) élevés à la main. Finalement, en moururent onze (31%) avant qu’ils ne soient sevrés. Les autres cacatoès indonésiens de cette enquête étaient deux couples de cacatoès triton (Cacatua galerita triton) (6%), trois couples de cacatoès à œil bleu (Cacatua ophthalmica) (9%), six couples de cacatoès des Molluques (Cacatua moluccensis) (17%), cinq couples de cacatoès blancs (Cacatua alba) (14%), sept couples de petits cacatoès à huppe jaune (Cacatua sulphurea sulphurea) (20%) et cinq couples de cacatoès à huppe orange (Cacatua sulphurea citrinocristata) (14%). Le total de ces cacatoès indonésiens, vingt-trois couples, pondirent cent quatre-vingt trois œufs (une moyenne de 8,0 œufs par couple); trente-huit étaient clairs (21%) et nonante jeunes cacatoès (49%) naquirent et cinquante-cinq (30%) des œufs fécondés n’ont pas éclos. Du total des nonante jeunes cacatoès indonésiens, seulement onze (12%) furent élevés avec succès par les parents et quarante-huit (53%) élevés à la main, tandis que trente-et-un (35%) moururent avant leur sevrage. La plupart des cacatoès de Goffin ont besoin de cinq à sept ans pour être aptes à la reproduction, bien qu’ils soient déjà adultes à l’âge de deux ou trois ans. La saison de reproduction commence en mai avec une ponte de deux œufs, exceptionnellement trois. La période de reproduction dure en moyenne 28 jours (entre 27 et 30 jours) et les jeunes cacatoès, qui sont légèrement couverts d’un duvet blanc et qui pèsent entre 10 et 11 gr, restent encore neuf semaines au nid. Les jeunes cacatoès de Goffin peuvent rester longtemps près de leurs parents car ils le tolèrent. Un nid bloc doit mesurer 25x25x40 cm, les cacatoès de Goffin sont connus pour être très sélectifs dans le choix d’un nid bloc qui leur convient. Le nid bloc doit être placé dans un coin sombre de la volière. Hélas, des pontes d’œufs non-fécondés se présentent souvent et certains cacatoès de Goffin sont sensibles au dérangement et aux bruits extérieurs. Tout ceci rend l’élevage difficile.

En captivité, un cacatoès de Goffin bien soigné peut vivre de soixante à septante ans. Dans la nature, ils n’aura jamais plus de vingt ans car il est exposé quotidiennement à de nombreux dangers et il ne connaît donc pas la sécurité de sa cage ou de sa volière où il a suffisamment d’eau et de nourriture à sa disposition. Un couple de cacatoès de Goffin s’engage pour la vie et est en état de se reproduire jusqu’à l’âge de quarante ans.

Le cacatoès de Goffin aime jouer et c’est un amuseur né. Ce cacatoès est malin, affectueux, curieux, jouette et tonique. C’est un privilège d’en posséder un . En comparaison avec les autres cacatoès, il est assez petit et est donc destiné aux éleveurs qui disposent de moins d’espace. Et comme ils sont particulièrement intelligents et sociaux, ils peuvent être très exigeants envers leur propriétaire. Ils peuvent se montrer dominants (mordre si quelque chose ne va pas comme ils le souhaitent). Un cacatoès de Goffin n’est pas sélectif dans le choix de son maître. S’il reçoit de l’attention, il peut bien se comporter avec tout le monde. Une de leur caractéristique agréable est le câlin. Ils peuvent passer des heures à se câliner et à se dorloter. Ils attendent d’ailleurs également ces câlins en retour! Un cacatoès de Goffin peut parler mais ceci est plutôt une exception à la règle. Ce sont de mauvais parleurs mais ils peuvent être très bruyants. Leurs cris font penser à ceux des amazones. La plupart des cacatoès de Goffin élevés à la main sont de bons animaux familiers, mais d’autres sont trop agités et trop destructeurs pour bien s’adapter à la captivité. Sauf s’ils sont très jeunes, ils ne sont pas vraiment appropriés pour être des animaux de compagnie. Comme ils ont un caractère très exigeant, ils veulent un lien extrêmement solide avec leur propriétaire. Ce cacatoès est aussi connu pour ses cris nocturnes. A ce sujet, ce cacatoès est unique par rapport aux autres cacatoès.

Et comme il y a un grand surplus de mâles, il est très souhaitable que seuls les mâles soient utilisés comme oiseaux de compagnie de sorte que les rares femelles puissent être utilisées pour la reproduction. De cette manière, l’équilibre peut être rétabli pour les couples reproducteurs. Cela ne change rien si un cacatoès apprivoisé est un mâle ou une femelle, leur caractère est le même.

Il y a des éleveurs qui pratiquent la reproduction de cacatoès hybrides bien que des amateurs mieux informés scientifiquement déconseillent ceci fortement. Le matériel génétique des différentes espèces est perdu inutilement et nos populations saines de cacatoès élevées en captivité diminuent. Et sûrement dans le cas des cacatoès de Goffin, il faut bien en gérer le nombre limité.

A ce jour, aucune mutation de cacatoès de Goffin n’est connue.

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