L’Ara Macao Cyanoptera – 1

Aviornis Espagne n° 126

Jésus Gomez Pina & José A. Valero Pérez

Traduction : William Vanbeginne

Avec l’aimable accord de l’auteur

Cet article a été publié dans la revue Aviornis Espagne en 3 parties dû à l’importance de l’article.  Je vais moi, de même, vous le présenter en 3 parties.

L’auteur de l’article avec un de ses Aras Macao âgés de 10 mois

Ce mois-ci nous allons présenter les chapitres suivants

  • Introduction
  • Biotope actuel et état de la population
  • Description générale de l’espèce et problématique
  • Histoire naturelle de l’Ara macao cyanoptera
  • L’alimentation dans son habitat
  • Principales menaces, degré de vulnérabilité et solutions

Le programme de conservation des espèces menacées essaye de combiner leurs efforts, spécialistes et personnes impliquées dans la conservation, reproduction et administration de ces espèces avec comme but d’atteindre le succès dans la récupération des mêmes, à travers l’implantation d’activités productives alternatives, développements communautaires et collaboration institutionnelle. Il s’agit de mentionner qu’à travers ce programme se trouve la conservation et la protection de l’espèce et de son habitat (Régions boisées, zones de nidifications et d’alimentation, eau et sols) afin d’additionner les actions pour la conservation et la protection de la jungle et des forêts qui aident à la diminution des effets du changement climatique global et régional.  Ce qui précède se fera à travers l’accomplissement de moyens stratégiques, buts à court, moyen et long termes à travers l’attribution de fonctions, personnes spécialisées et budget qui donnent une impulsion et continuité aux actions envisagées pour arriver avec succès à la récupération de cette espèce emblématique et de son habitat.

Introduction

L’ara Macao est hautement établi dans le commerce pour sa rareté et sa beauté, ce qui encourage la capture et le trafic illégal de cette espèce.  Pour cette raison, elle est considérée comme une espèce en voie d’extinction au niveau national et international.  Il se retrouve dans l’appendice 1 de la CITES de même que dans la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).  La catégorie susmentionnée se base sur la réduction accélérée de sa répartition qui comprend moins de 5% du pays, de la forte déforestation de la forêt tropicale dont les arbres ne perdent pas leurs feuilles, d’une vulnérabilité biologique intrinsèque haute de l’espèce et l’impact fort des activités humaines de capture pour le commerce et la perte de l’habitat (Renton et al ; 2003).  Les résultats de l’évaluation susmentionnée justifient le niveau de protection qui a été assigné de manière nationale et internationalement vis-à-vis de l’ara macao.

Distribution actuelle et état de la population

L’ara Macao a son aire de distribution depuis le Mexique, via l’Amérique centrale et la région des amazones en Amérique du Sud jusqu’au nord du Mato Grosso au Brésil (Forshaw, 1988).  Malgré que des études phénotypiques et génétiques ont démontré que les populations de l’ara Macao qui se retrouvent depuis le Mexique jusqu’au Honduras ont un représentant d’une sous-espèce en Amérique centrale (Ara macao cyanoptera) qui est distinct de la sous-espèce Ara Macao d’Amérique du sud (Ara macao macao) lequel a son aire de distribution depuis le Costa Rica au Brésil (Wiedenfeld, 1944 ; Schmidt et Amato, 2008).

Actuellement il existe deux populations de l’ara macao cyanoptera au sud-est du Mexique, une d’environ 50 individus dans la région de Los Chimalaps, Oaxaca (Inigo et al 2004 ; Lazcano – Barrero obs. Pers) et la seconde dans la jungle Lacandona à Chipias avec une population estimée entre 150 et 250 individus (Inigo Elias 1996 et Inigo Elias et al. 2004, Garcia Feria)

Des études récentes ont démontré que la population de l’ara macao dans le bassin du fleuve Usumacinta partagée par le Mexique, Guatemala, Belize et Honduras constitue une population d’environ 400 individus reproducteurs. (Inigo Elias et al. 2004 ; Mc Reynolds, 2006)

Description générale de l’espèce et problématique

L’ara Macao mesure aux alentours de 85 à 96 cm de la tête à la queue et pèse entre 1.060 et 1.123 grammes.  Les ailes ont une longueur approximative de 41 cm et la queue vers les 53 cm. Aussi bien le mâle que la femelle sont de couleur généralement rouge avec du bleu clair sur la partie basse du dos jusqu’aux plumes qui couvrent la naissance des rectrices ou plumes de la queue.  Il se distingue par son plumage de couleur rouge et la couleur jaune des plumes de couvertures et secondaires et par l’absence des plumes sur la face (Forshaw, 1989).  Les plumes centrales de couverture primaires de la queue sont rouges avec des tonalités de bleue sur la pointe et les latérales bleues avec quelques tonalités rosâtres.

La mandibule supérieure du bec est de couleur corne et vire vers une tache noire de chaque côté de la base.  La pointe est légèrement plus obscure.  La mandibule inférieure est noire, grise.  Entre la mandibule inférieure et l’œil il y a une tache blanche apparemment sans plumes mais avec des lignes fines «rouge, jaunâtre» fort claires faites de petites plumes.  L’iris est de couleur jaune pâle et les pattes sont gris foncé.

Les exemplaires juvéniles présentent les mêmes couleurs à l’exception de l’iris qui est de couleur café clair.

Beaucoup d’auteurs mentionnent que les caractéristiques phénotypiques des exemplaires suggèrent l’existence de deux sous-espèces de l’ara macao.  Une qui a son aire de distribution en Amérique centrale et l’autre en Amérique du Sud.

La sous-espèce d’Amérique centrale,  Ara macao cyanoptera est la plus grande de toutes, inclus quelques-unes de celles qui vivent en captivité mesurent plus de 100 cm de long et pèsent plus de 1500 gr. Cet ara a trois traits caractéristiques: une couleur rouge écarlate plus foncée du plumage de la tête et du corps, une bande jaune large dans les ailes dont beaucoup des plumes ont la pointe bleue et la plume centrale de la queue extrêmement longue et large dont la pointe est de couleur bleu clair.

La sous-espèce d’Amérique du Sud, Ara macao macao a la tête légèrement plus petite en comparaison avec le corps et celui-ci est plus court et légèrement plus robuste.  Le trait le plus caractéristique est que la bande jaune qui traverse les ailes est plus étroite et la majorité des plumes de cette bande se terminent par une couleur vert brillant.  Cette variété se retrouve dans toute la Bolivie et le Brésil.  La couleur rouge plus claire de cet oiseau semble aussi virer à l’orange dans la lumière du soleil, ce qui est particulièrement évident autour des ouvertures des oreilles et sur la partie postérieure de la tête. Certains exemplaires de cette variété ont des taches de couleur vertes dans la nuque.

Il semblerait qu’il y ait une troisième variété, bien que son origine soit encore inconnue.  Cette variété est un oiseau plus petit, aussi bien en longueur qu’en poids.  La tête et le corps sont de couleur semblable à la variété du Nicaragua et présentent une bande large jaune dans les ailes.  La caractéristique la plus évidente est l’absence totale de pointes de couleur dans les plumes jaunes de la couverture des ailes.  Il s’agit d’un ara très attirant et qui se voit relativement peu en captivité.

Sans aucun doute l’on donne la plus grande priorité dans la conservation des populations de l’Ara macao cyanoptera dans la jungle Maya.  Les raisons sont claires, l’Ara macao macao a des populations plus grandes et une base de distribution plus large.  Dans le cœur de leur territoire ils sont sans aucun doute plus à l’abri alors qu’à la périphérie du même territoire ils souffrent des mêmes pressions que l’Ara macao cyanoptera au Mexique et en Amérique centrale.

Détail de la tête, la partie dénudée où s’apprécient les petites plumes décrites

Histoire naturelle de l’ara macao cyanoptera

En Amérique centrale, cet ara niche pendant les mois de décembre à juin, qui est la période sèche.  Dans la jungle Lacandona de Mexico, il niche dans des cavités naturelles d’arbres émergents, vivants ou morts, de grand diamètre.  Il semblerait que les aras sélectionnent les cavités les plus hautes pour nicher, ayant en moyenne 19 m de hauteur et avec comme dimensions d’entrées (en moyenne) 22 x 32 cm.  Généralement les nids se retrouvent séparés de plus de 3 km, ce qui va réduire les interactions entre les couples qui nichent et qui peuvent causer la mort des poussins.  Cet ara d’Amérique centrale pond de 1 à 3 œufs, bien que l’on ait enregistré des pontes jusqu’à 4 œufs.

Dans la jungle Lacandona, l’on a enregistré un volume de nichées de 1,6 œufs durant la période 1988-89 et 2,7 œufs en 1998-99.  Ont éclot une moyenne de 1,5 à 2 œufs par couple, et réussissent à voler hors du nid 0,6 à 1,3 par couple qui niche.

Les petits naissent avec les yeux fermés et sans plumage avec une masse corporelle de 25 à 27 gr et une longueur d’aile de 18 millimètres.  Ils ont un taux de croissance lent et atteignent leur poids maximum de 1.200 gr entre 40 et 50 jours de vie.  Ils abandonnent le nid entre les 65 – 75 jours et restent en compagnie de leurs parents encore pendant plusieurs mois.

Cet ara montre un pourcentage bas de nidification (46 à 48%).  La cause principale d’échec des nichées c’est le pillage des oeufs ou des petits, en plus du pillage illégal des nids.  Des recensements de groupes de familles  de ces aras montrent que moins de 20% de la population se reproduit chaque année.  Ce taux  tellement bas de reproduction fait que ces populations indigènes sont hautement vulnérables.

L’alimentation dans son habitat

Il existe peu d’information concernant la diète de l’ara d’Amérique centrale, bien qu’à Belize, il a été démontré qu’il s’alimente de 15 sortes d’arbres pendant la période sèche.  Il est probable que cet ara consomme un plus grand nombre de différentes plantes pendant toute l’année.

Les graines des plantes forment 76% de sa diète, alors que les fruits seuls ne forment que 6%.  Les graines aussi forment le composant principal de la diète des petits.  De plus, nous devons dire qu’eux, dans leur alimentation ingurgitent des aliments avec des substances toxiques qui sont neutralisées en prenant certains types d’argiles qui s’unissent à leurs alcaloïdes et les changent en inoffensifs.  Cette sorte d’argile leur procure aussi certains minéraux.

L’ara Macao dans son habitat naturel

Principales menaces, grade de vulnérabilité et quelques solutions.

  • La destruction accélérée de la forêt tropicale dont les arbres ne perdent pas leurs feuilles qui a occasionné l’extinction de l’espèce dans la majorité de son aire de distribution au Mexique.  Ce type de forêt présente le meilleur taux de déforestation au Mexique et l’on estime qu’actuellement il n’existe pas plus de 10% de la population originale de cette végétation
  • Les études réalisées ont démontré que cet ara utilise de préférence la forêt haute et la forêt inondée et conservée, évitant les forêts secondaires ou des herbages qui présentent des ressources alimentaires faibles.  J’ai déjà dit que le problème qui se rajoute c’est le pillage des nids par les oiseaux et les mammifères, les attaques des abeilles africaines et le vol des poussins par les humains pour sa vente illégale sur le marché.
  • De plus, d’autres agents qui rendent en danger le succès de reproduction sont les tempêtes qui détruisent les lieux de nidifications, des maladies chroniques, des parasites, les acariens, la compétitivité pour les nids entre les couples – du fait que dans les aires perturbées il y a une disponibilité faible des sites de nidifications – le commerce des plumes comme ornementation de vêtements pendant les cérémonies …
  • Comme nous avons dit antérieurement, l’ara Macao est hautement bien coté pour sa rareté et sa beauté, ce qui encourage la capture et le trafic illégal de l’espèce malgré le déclin de sa population (Renton, 200).  Dû à ces pressions humaines, il existe le risque que les populations indigènes puissent disparaître de la forêt maya.  De ce fait, il est urgent d’implanter des stratégies de conservations en nous basant sur les connaissances biologiques de l’espèce.
  • L’objectif général, et le plus important, est de récupérer et de conserver les populations indigènes de l’Ara macao cyanoptera et son habitat au Mexique.
  • Atteindre les différents secteurs de la société mexicaine dans les actions de protection, de gestion, de récupération des espèces et de leur habitat.  La survie de l’ara Macao dépend de la disponibilité d’un habitat adéquat et intact.
  • Créer un programme de gestion et de reproduction pour maintenir une population viable de l’Ara macao cyanoptera en captivité avec des fins de conservation.
  • Restaurer les régions perturbées qui ont une importance pour la conservation de cet ara à l’intérieur de sa distribution historique et actuelle comprenant les zones d’herbages ou des régions perturbées où il y a des nids actifs.
  • Le tourisme écologique pourrait être un outil de conservation très important.
  • Elaborer un protocole pour des études génétiques avec comme fin de déterminer la sous-espèce à laquelle appartient des exemplaires captifs et ainsi, pouvoir planifier le programme de reproduction pour éviter l’hybridation des sous-espèces.
  • Tous ces objectifs, et beaucoup d’autres, rassemblés avec un projet qui a comme fin principale d’obtenir de la reproduction en captivité alimentée par leurs parents naturels avec comme but de pouvoir les incorporer aux nids existants dans leur habitat, évitant ainsi l’empreinte des oiseaux avec l’homme.  De cette manière il serait possible de renforcer des populations de cet ara avec grand succès.  Il semblerait que ce renforcement soit occupé à être réalisé par « Guacamayas sin Frontera » (aras sans frontières).  Ils ne sont pas peu, les éleveurs européens qui seraient disposés à envoyer des échantillons de sang de leurs exemplaires pour faire des études génétiques avec comme but de déterminer si leurs aras appartiennent à la sous-espèce A. Macao cyanoptera.  Si les résultats étaient positifs et confirmeraient qu’un éleveur déterminé possède des exemplaires de cyanoptera, il pourrait être documenté et contrôlé afin de pouvoir offrir aux intéressés, des poussins de son élevage, et évitant ainsi n’importe quel commerce clandestin international organisé et l’hybridation entre les sous-espèces distinctes.

Texte et photos:  Aviornis Espagne

A suivre :  Expériences de reproduction

Photo prise par Eric Puts dans la collection de Jesus Estudillo de Mexico

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