La beauté des perroquets des figuiers
P.R. 2012
Bert Van Gils
Traduction : William Vanbeginne
Les perroquets des figuiers ont la réputation d’être des oiseaux difficiles et de ne pas avoir de résultats de reproduction, ce qui fait que malgré leur beauté, ils ne sont pas détenus fréquemment dans nos volières. Cela va-t-il changer dans le futur ? Une éleveuse anonyme mais chevronnée nous donne ses expériences avec cette espèce.
Jusqu’il y a quelques années, il y avait quatre bonnes raisons pour ne pas débuter avec les perroquets des figuiers :
1. Ils étaient difficiles à trouver
2. Ils étaient très chers
3. Ils élevaient très difficilement leurs petits
4. Très souvent, l’on rencontrait des cas de décès inattendus
Leur avantage par contre, c’est qu’ils sont peut-être les plus beaux parmi les espèces de petits perroquets, qu’ils ont un cri très doux et qu’ils sont particulièrement fascinants à regarder. Il n’est pas spécialement difficile à leur fournir une bonne alimentation et ils ne sont vraiment pas astreignants concernant leur nichoir.
Malgré tout cela, pendant beaucoup de temps ils n’ont pas été populaires à cause des raisons décrites ci-dessus.
Récemment, il y a différentes choses qui se sont passées en Europe et d’autres parties du monde qui font que les possibilités avec cette espèce ont quand même augmentées. Il est bien possible que la population de couples reproducteurs ne va faire que croître.
La vie sur les îles en Papoua
Il n’y a jamais eu de grandes quantités de perroquets des figuiers en Europe. Ils sont originaires des îles de Papoua et de Nouvelles Guinées, avec comme apogée, le perroquet des figuiers à double oeil ou psittacule à double œil, qui provient du nord-est de l’Australie. Jusqu’il y a quelques années, la plupart des oiseaux en captivité provenaient de la capture sauvage et les résultats de reproductions étaient maigres. Les meilleurs résultats ont été obtenus par George Smith avec les perroquets des figuiers d’Edwards et Salvador au milieu des années 80.
Ces dernières années, dans le centre d’élevage aux Philippines – propriété d’Antonio de Dios – des quantités relativement importantes des grandes espèces ont été reproduites. Par grandes espèces, je veux dire les perroquets des figuiers Desmaret, Salvador et Edwards. Les jeunes qui y sont nés, aussi bien des oiseaux élevés par les parents que les élevés mains, se sont retrouvés dans le réseau commercial en Europe et momentanément, il y a une population croissante en captivité, surtout aux Pays-Bas, Allemagne et Belgique. Il n’y a plus d’obstacles pour les amateurs britanniques pour importer ces espèces, bien entendu en respectant la législation concernant la quarantaine. Bien que le prix pour un couple soit encore relativement haut, actuellement, au moment où j’écris cet article, vers les 600£, il semble que dans le futur le prix va quand même descendre au moment où plus de jeunes seront reproduits.
Les éleveurs qui ont, dans le temps, fait des tentatives d’élevages ont connu beaucoup de déboires. Les perroquets des figuiers ont besoin d’une nourriture spécifique et certainement les oiseaux d’importations devaient faire une conversion totale pour s’adapter à un climat totalement différent. Comme très souvent, c’est à cause des malchances que l’on apprend de nouvelles choses et actuellement l’on connaît beaucoup plus de choses concernant les perroquets des figuiers qu’il y a 10 et même qu’il y a 5 ans.
Une nourriture laxative
Dans le temps, le haut taux de mortalité était dû à l’alimentation. Un grand nombre des oiseaux décédés semblaient souffrir d’anémie et maintenant nous savons que c’était dû à une insuffisance en vitamines K, que les perroquets des figuiers consomment beaucoup en mangeant des figues fraîches. Ceci pourrait être une conclusion correcte, et, un supplément de vitamines K pour nos petits perroquets ne peut leur faire de mal.
Je crois aussi que dans un certain nombre de cas, ces oiseaux recevaient beaucoup trop de graines de tournesol et qu’ainsi ils avaient développé des insuffisances. Surtout le psittacule à double oeil a tendance à développer des problèmes de foie, qui peut avoir un lien avec un trop plein de graisses des graines de tournesol. Bien que ces graines soient fortement appréciées et mangées, il y a une grande différence avec les figues fraîches, la nourriture naturelle des perroquets des figuiers, qui a un fonctionnement légèrement laxatif. Il est possible que le système digestif de ces oiseaux s’y soit adapté et que la nourriture qui reste trop longtemps dans le corps peut former un problème.
Les perroquets des figuiers ne sont pas des oiseaux forts exigeants et peuvent être alimentés avec un mélange de figues séchées, qui ont passé une nuit dans l’eau, avec des fruits et des légumes comme banane, pomme, raisin, poire, carotte et des pommes de terres cuites. A cela, je rajoute encore une petite quantité de graines trempées (des graines de tournesol et des graines plus petites) et un peu de pâtée à l’œuf. Une chose qui ne leur fait certainement pas de mal, c’est chaque jours quelques vers de farine et 2 à 3 fois par semaine un supplément de vitamines et de minéraux. Avec cette diète, vous gardez des animaux adultes, pendant des années, en bonne condition, mais lorsqu’il y a des poussins, alors il faut faire quelques modifications à leur alimentation (voir plus loin). Ces petits perroquets acceptent une grande quantité de nourriture et leur fournir une bonne alimentation n’est certainement pas difficile. Il y a d’autres choses qui sont nettement plus pénibles.
Les perroquets des figuiers sont très sensibles au stress et donc aussi plus sensibles aux maladies. Un grand malfaiteur, d’après mon expérience, est la bactérie E. coli, qui apparaît souvent lorsque les oiseaux ne sont pas bien logés ou lorsqu’il y a des tensions. Malgré que chez la plupart des espèces de petits perroquets, il n’est pas si difficile de composer un couple qui s’entend, chez les perroquets des figuiers ceci n’est pas toujours aussi facile. Certains couples s’entendent bien pendant de nombreuses années sans aucunes anicroches mais chez d’autres cela ne se passe vraiment pas aussi bien. Ce sont alors les femelles, qui de nature sont déjà dominantes qui mettent la pression sur les mâles.
En général, nous comme amateurs, nous ne remarquons pas assez vite les signes d’une femelle trop dominante, jusqu’au moment où le mâle devient malade (par ex. de la bactérie E. coli). Si à ce moment là, le mâle n’est pas rapidement séparé et traité avec un antibiotique, alors il peut mourir rapidement. Si vous pouvez quand même le sauver, il est conseillé de ne pas accoupler ce mâle à nouveau avec la même femelle. Les meilleurs couples sont d’ailleurs ceux qui sont formés lorsque de tout jeune ils sont logés ensemble et que l’on ne les divise plus.
Au Vogelpark Walsrode en Allemagne, les perroquets des figuiers sont logés par 2 couples dans une volière. D’après leur expérience ceci donne les meilleurs résultats de réussite. Par contre, les 4 oiseaux sont logés ensembles quand ils sont encore très jeunes, ce qui fait que cela peut entraîner des problèmes et être très difficile de rajouter un oiseau au groupe si un devait mourir.
La reproduction
Les perroquets des figuiers vont en général très vite au nid et se reproduire, même si le couple ne s’entend pas si bien. Surtout les femelles sont très fanatiques. Je compare leur comportement avec celui des femelles Eclectus qui sont parfois pendant toute la saison de reproduction au nid et que l’on ne voit pratiquement pas. Une ponte suit une autre et le mâle nourrit constamment la femelle au nid. La ponte et la couvaison des œufs se passent en général sans problèmes, par contre élever les poussins est malheureusement une toute autre histoire ! Il y a bien entendu des couples qui le font bien mais chez beaucoup d’oiseaux il est conseillé de passer à l’élevage à la main des poussins. Il existe différentes formules de pâtée pour l’élevage à la main qui sont excellentes. Lorsque les jeunes restent avec les parents, je conseille de rajouter à leur nourriture des vers de farine et de délaisser les graines pendant les trois premières semaines. Certains éleveurs emploient aussi des pro biotiques et en général en sont très contents.
La plupart des problèmes que l’on peut avoir avec des perroquets des figuiers peuvent être empêchés en observant bien vos oiseaux. En opposition avec certains psittacidés qu’il faut juste bien loger et nourrir pour en avoir des jeunes chaque année, ce n’est pas le cas avec ceux-ci. Les problèmes peuvent vite apparaître mais une réaction rapide de l’éleveur peut en solutionner un grand nombre.
J’espère que ces magnifiques petits oiseaux vont se rencontrer en plus grand nombre dans le futur en aviculture et espérons aussi qu’il y aura plus de succès d’élevage que dans le passé.
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