La grande perruche Alexandre

Introduction

Je m’appelle Wouter Dierckx et je vis dans une petite commune en Flandre.  A l’âge de 6 ans, j’ai été atteint par le microbe des oiseaux. J’avais à ce moment-là, des perruches, des canaris, des agapornis, des callopsittes ainsi que mon premier couple de perruches à collier.  J’ai pris de l’âge et je suis allé vivre seul à Gand dans un appartement.  Ma passion pour les oiseaux est passée à ce moment-là au second plan.  Sept ans plus tard, le virus des oiseaux me démangeant, je dispose maintenant d’une maison avec un grand jardin et j’ai décidé de me concentrer uniquement sur la belle et grande perruche Alexandre sur laquelle je travaille depuis 5 ans.  J’ai actuellement 10 couples, dont seulement quelques-uns sont matures.

Histoire

La perruche Alexandre (psittacula eupatria) fait partie de la famille des psittacidés.  L’espèce doit son nom à Alexandre le Grand, qui est responsable de l’exportation de nombreux oiseaux du Pendjab vers diverses régions d’Europe et de la Méditerranée, où ils étaient considérés comme des possessions précieuses pour les nobles et » les rois.  Le nom eupatria vient du Grec où le préfixe « eu » signifie « bon ou « noble » et le suffixe « patria » est un mot Latin qui désigne la patrie ou l’ascendance.  Cela signifie donc ‘noble patrie ou ascendance’

Il y a 5 espèces à distinguer :

1. Psittacula eupatria eupatria : originaire d’Inde du sud
2. Psittacula eupatria nipalensis : originaire du nord de l’Inde
3. Psittacula eupatria magnirostris : originaire des îles Andaman
4. Psittacula eupatria siamensis : originaire de Thaïlande
5. Psittacula eupatria avensis : originaire de Birmanie

Le logement 

La perruche Alexandre avec ses 50 à 60 cm de longueur (de la tête à la pointe de la queue) est un oiseau qui a besoin de beaucoup d’espace.  Mes perruches Alexandre sont logées dans des volières de 4 m dont je compte 1 m pour l’abri de nuit.  La largeur est de 1 m.  Les dimensions du treillis sont 19 x 19 x 1.45 mm.  Il est important de fournir chaque jour aux oiseaux un mélange de graines, des fruits ou des légumes frais et de l’eau fraîche.  Les branches de saule fraîches à ronger sont également appréciées.  Pendant l’élevage, nous fournissons régulièrement de la pâtée à l’œuf fraiche et quand ils ont des jeunes, quotidiennement.  Il est également très important de garder les volières propres.  Je nettoie les miennes chaque semaine et chaque année, le tout est soigneusement désinfecté.

L’élevage 

La perruche Alexandre commence généralement à se reproduire tôt au printemps.  Le nichoir a comme dimension de 35 cm en carré au sol, une hauteur de 70 cm et un trou d’entrée de 8 cm.  En théorie, les perruches Alexandre peuvent se reproduire vers l’âge de 3 ans, mais en pratique, cela se situe généralement entre 4 et 5 ans.  Je suspends mes nids à la mi-février pour qu’il ne fasse pas trop froid et qu’il ne puisse y avoir de problèmes de ponte avec les femelles ou des œufs qui gèlent par exemple.  Le mâle va commencer sa parade avec les ailes grandes ouvertes et va ensuite la nourrir.  Elle commencera à visiter le nichoir et commencera graduellement à pondre ses œufs, ceci tous les 2 jours.  La ponte consiste en 3 à 5 œufs qui ne seront couvés que par la femelle.  Après 7 jours d’incubation ou 10 jours après le premier œuf, vous pourrez voir avec une lampe de poche si les œufs sont fécondés.  Vous verrez alors un petit embryon si les œufs ont été fécondés.  Après environ 24 jours, les œufs éclosent et après 10 jours, les yeux des poussins s’ouvrent. C’est aussi le moment pour les baguer.  J’utilise des bagues de 8 mm, bien que 8,5 mm soit également à conseiller.  Je connais même des éleveurs qui emploient des bagues de 7mm.  Après 2 mois, les jeunes quittent le nid et après 4 mois, ils sont indépendants et peuvent être séparés des parents.  Pour sexer les jeunes, je fais appel à un laboratoire où il suffit d’envoyer quelques plumes et au bout de quelques jours, je reçois un certificat dans la boîte aux lettres avec le sexe de l’oiseau qui a été déterminé par ADN.  Les mâles obtiennent leur collier après 2 ans, ce qui n’est pas le cas des femelles.

Maladies

La perruche Alexandre n’est pas facilement exposée aux maladies tant que l’hygiène dans les volières est rigoureusement respectée.  Cela veut dire un nettoyage en profondeur de préférence toutes les semaines ou toutes les deux semaines et chaque année il faut désinfecter les volières et les perchoirs.  Il est cependant possible que vous serez confronté à des oiseaux malades. Il est important de reconnaitre les signes d’un oiseau malade, tels que la position assise mal dans les plumes, les fientes liquides, les yeux humides, l’oiseau trop mince, etc…  Séparez l’oiseau immédiatement et ceci dans un endroit chaud.  J’ai mes oiseaux qui sont régulièrement testé à la recherche de différentes sortes de maladies et ceci au hasard, pour éviter les surprises désagréables. 

Les principales maladies sont:

1) Chlamydia psittaci / maladie du perroquet

Cette maladie est causée par une bactérie.  La bactérie Chlamydia ne peut se multiplier que dans les cellules de l’hôte.  Chez les oiseaux infectés, la bactérie se trouve dans les fientes, l’urine, les yeux et le nez.  Les oiseaux peuvent donc être infectés de différentes manières, notamment par la poussière de plumes et les fientes séchées.  Ils peuvent le respirer ou le prendre par le bec.  Les jeunes oiseaux peuvent également être infectés dans l’œuf via la mère.  Les oiseaux peuvent également devenir porteurs de la bactérie sans en montrer les symptômes.

Les jeunes oiseaux infectés par une bactérie très pathogène peuvent devenir gravement malades.  Ils deviennent lents, ont une conjonctivite, gargouillent, sont opprimés et ont la diarrhée, qui peut être verte ou grise et aqueuse.  Ils meurent souvent dans les 8 à 10 jours et les jeunes qui survivent ont souvent un plumage anormal.  Les oiseaux qui ne sont pas traités peuvent mourir en quelques semaines.  Le traitement est effectué à l’aide d’antibiotiques ou à un stade avancé avec une injection.

2) Complexe E Coli / Colibacillose / Adénovirus / E. Coli

Une des maladies les plus connues qui cause l’E. Coli est la colibacillose ou la maladie de la sueur.  Les bactéries E. Coli provoque des maladies en produisant des toxines.  Dans l’intestin, ces éléments veillent à ce que les cellules intestinales libèrent une grande quantité de liquide, ce qui fluidifie le contenu intestinal et donne aux oiseaux une diarrhée gluante et épaisse.  Cela fait qu’ils se déshydratent à un rythme rapide et qu’ils perdent de nombreux éléments nutritifs avec comme cause qu’ils peuvent mourir rapidement.  Chez les oiseaux plus âgés, les toxines peuvent affecter d’autres organes de même que les intestins.  A cause de cela, les oiseaux peuvent boire beaucoup (lorsque les reins sont touchés).  Ils peuvent devenir boiteux (à cause de beaucoup d’inflammations). La bactérie est tuée à l’aide d’antibiotiques.

3) Syndrome d’élargissement du proventricule

La maladie peut se développer après avoir été infectée par un borna virus.  Il est plus fréquent chez les jeunes oiseaux, mais les oiseaux âgés peuvent également développer des symptômes.  Les symptômes sont causés par des dommages au cerveau et aux nerfs du proventricule, aux nerfs de l’estomac et à la partie antérieure de l’intestin grêle.  En conséquence, l’activité musculaire de ces organes diminuera et ceux-ci s’étireront.  Cela provoque un mauvais transport de nourriture dans les parties plus éloignées du tractus gastro-intestinal.  Cela provoque, entre autres, des vomissements, de la nourriture non digérée peut être dans les fientes, les oiseaux deviennent maigres et lents.  Les symptômes peuvent survenir dans les 3 semaines suivant l’infection, mais parfois, ils ne se manifestent que plusieurs années après l’exposition au virus.  En plus des symptômes qui sont directement provoqués par l’attaque des nerfs, les oiseaux peuvent être plus sujets à des infections supplémentaires.  Ainsi le jabot est souvent rempli pendant un long moment du fait qu’il y a un mauvais transport vers le proventricule.  Dans cette situation il est possible qu’une acidification du jabot aparaisse.  En plus des nerfs du tractus gastro-intestinal qui sont attaqués chez certains oiseaux d’autres nerfs peuvent être atteints.  Les oiseaux peuvent devenir faibles dans les pattes si la moelle épinière ou les nerfs des jambes sont touchés.  Si la maladie atteint le cerveau, les oiseaux peuvent devenir vacillants, avoir le cou qui tourne et devenir paralysés.  Aucun traitement n’est possible jusqu’à présent.

4) Maladie du bec et des plumes / PBFD / 

Cette maladie est causée par un circovirus.  Il existe différentes formes de la maladie.  Il y a la forme aiguë.  Ceci est plus fréquent chez les oiseaux infectés à leur jeune âge.  Les premiers symptômes apparaissent lorsqu’ils perdent le duvet au nid et commencent à développer le plumage adulte.  Ces plumes meurent, se cassent, se plient ou  saignent à partir du corps de la plume.  De même, les plumes (si elles poussent) peuvent tomber prématurément.  En plus des anomalies de plumes, les oiseaux peuvent également être atteints de somnolence, cesser de manger et avoir le jabot qui prend beaucoup de temps pour se vider.  Ils peuvent mourir dans un laps de temps d’une à deux semaines. La forme chronique de PBFD provoque une détérioration plus importante du plumage.  Le virus affecte le développement des plumes.  Cela signifie que pour de nombreux perroquets, les plumes de duvet sont d’abord touchées.  Ces mues sont continues, ce qui signifie que de nouvelles plumes grandissent constamment.  Les grandes plumes de vol et les plumes de contour deviendront plus anormales pendant chaque période de mue. Les plumes qui vont réussir à passer vont souvent cesser trop tôt de pousser.  Elles peuvent avoir une forme anormale ou se casser facilement.  Il se peut aussi que dans un premier temps, seules les couleurs des plumes soient différentes.  Si un oiseau a la maladie suffisamment longtemps, il finira par être totalement déplumé.  En plus des problèmes que le virus provoque aux plumes et au bec, le système immunitaire de l’oiseau s’affaiblit et diminue.  Cela rend les oiseaux infectés / malades beaucoup plus sensibles à toutes sortes d’autres infections et ils tomberont malades plus rapidement si les circonstances ne sont pas optimales.  Les oiseaux peuvent aussi être porteurs de la maladie.  Le virus peut être détecté dans le sang.  Les oiseaux positifs à la PBFD doivent être tenus à l’écart des oiseaux en bonne santé.  Il n’y a pas de traitement contre le virus lui-même.

Mutations

1) Vert

Bien que ce ne soit pas une mutation, mais la couleur sauvage, cet oiseau mérite d’être mentionné. Ceci est dû au fait qu’il peut être vu plus souvent dans les volières, en partie à cause de son prix meilleur marché. Cela ne le rend évidemment pas moins beau. La couleur est uniformément verte, les plumes de la queue du milieu sont bleues et le collier chez le mâle qui apparaît après 2 ans est noir/rose. Ils ont aussi des taches rouges profondes sur les ailes. La perruche Alexandre verte est présente naturellement au Bangladesh, au Bhoutan, au Cambodge, en Inde, au Laos, au Myanmar, au Népal, au Pakistan, au Sri Lanka, en Thaïlande et au Vietnam.  L’oiseau a été importé pour la première fois par Alexandre le Grand.                              

2) Lutino et Lutino récessif gris-vert

Ce bel oiseau est très populaire parmi les éleveurs de perruches Alexandre, en partie à cause de sa couleur attirante et de son prix relativement abordable.  L’oiseau a été importé pour la première fois dans les années 1930 d’Inde en Europe.  Il transmet ses gènes de manière lié au sexe, ce qui signifie que seuls les mâles peuvent être porteurs.  La couleur est jaune vif, les yeux sont rouges, les taches sur l’aile sont rouge foncé et le collier qui apparaît après 2 ans chez les mâles est rouge avec du blanc sur le devant.  Cela contraste avec le gris-vert récessif lutino qui a une bande rouge, mais où le blanc est remplacé par du gris-brun.  En dehors de cette caractéristique, la différence entre les deux ne peut pas être clairement vue.  Certains lutino récessifs gris-vert ont une voile brun sur le corps. 

3) Bleu

Cette mutation a également été introduite en Europe vers 1930.  C’est une mutation très importante car beaucoup d’autres mutations peuvent être créées en combinant avec le bleu.  La couleur est de couleur bleue uniforme, les yeux foncés et les plumes des ailes sont grises.  Les mâles ont une bande noire / blanche autour du cou à 2 ans.  Cette mutation transmet ses gènes de manière récessive de sorte que les mâles et les femelles puissent être porteurs. 

4) Albino et albino récessif gris

Cette mutation est obtenue grâce à la combinaison du bleu et du lutino.  Elle produit un oiseau très spécial sans taches aux ailes et aux yeux rouges.  Les mâles gris albinos récessifs obtiennent un collier gris foncé vers l’âge de 2 ans, alors que le mâle albinos normal n’obtient pas de collier qui ne le rend naturellement pas moins attrayant.  L’albino récessif gris est parfois appelé misty et peut également être reconnu par le voile brun qu’il a sur le corps.  Cet oiseau est intéressant pour produire des gris récessifs dont je parlerai plus loin. 

5) récessif gris-vert

Cet oiseau est olive tendre mais pas aussi foncé que le gris dominant.  Cet oiseau était assez rare jusqu’à récemment, mais est maintenant élevé plus souvent.  La couleur peut varier d’un vert plus clair à un vert moutarde.  Les taches des ailes sont d’un rouge profond et le mâle obtient un collier noir / rouge.  Comme son nom l’indique, cet oiseau transmet ses gènes de manière récessive comme le bleu dont nous avons parlé précédemment. 

6) Gris bleu récessif

Cet oiseau est relativement rare, mais on le trouve de plus en plus chez les éleveurs expérimentés de perruches Alexandre.  Cette mutation, à l’instar de la mutation gris-vert récessive, ne se produit pas chez les perruches à collier, ce qui compromet immédiatement la théorie selon laquelle toutes les mutations de perruches Alexandre ont été créées par croisement avec des perruches à collier.  La couleur est entre le bleu et le gris, les taches des ailes sont grises et les mâles ont un collier noir / blanc.  Cet oiseau transmet aussi ses gènes de manière récessive. 

7) gris-vert dominant

Cet oiseau est à mon avis un joyau à voir.  Cependant, il faut dire qu’il y a beaucoup d’hybrides en circulation.  En Inde et au Pakistan, des oiseaux capturés dans la nature ont été exportés à Dubaï et ont ensuite été acheminés vers l’Europe.  Je suis l’heureux propriétaire d’une femelle pure gris-vert dominant porteuse de bleu.  La couleur varie entre le brun et le vert foncé, les taches des ailes sont rouges et le collier des mâle est noir / rose. Comme son nom l’indique, cet oiseau transmet ses gènes de manière dominante, ce qui rend facile à reproduire.

8) Gris dominant

À mon avis, cet oiseau est aussi un joyau à voir, en particulier les mâles adultes.  Nous l’obtenons en combinant un dominante gris-vert avec du bleu.  Les mâles adultes sont beaux à voir avec leur collier noir / blanc. Ce qui rend également cet oiseau spécial, c’est qu’il n’a pas de taches sur les ailes.  Sur la photo, vous pouvez voir un jeune oiseau.

9) Aqua

L’aqua ou aussi appelé émeraude est un bel oiseau vert-bleu d’Europe.  L’oiseau transmet ses gènes de manière récessive, bien que certains éleveurs prétendent qu’il transmet ses gènes de manière dominant sur le bleu.  Ce serait faux.  En termes de transmission de gènes et d’apparence, l’oiseau peut être comparé au turquoise, à la différence que la couleur de l’aqua est plus uniforme sur tout le corps.  Les taches des ailes sont brun-rose et le collier chez les mâles est noir / rose.  Cet oiseau gagne en popularité et en combinaison avec l’albinos, il en résulte un bel oiseau de couleur crème.  L’aqua ino a des taches orange sur les épaules et les mâles obtiennent un collier orange.  Cet oiseau peut également être combiné avec du gris récessif et du gris dominant, mais ceux-ci sont encore très rares.

10) Vert foncé

Cet oiseau est encore très rare, mais très important pour l’élevage du cobalt (Dbleu). L’oiseau est de couleur vert foncé, a des taches rouges aux épaules et 2 plumes de la queue de couleur cobalt. Les mâles obtiennent un collier noir / rose. Le vert foncé et cobalt sont déjà présents en Angleterre, ainsi qu’à Dubaï et dans d’autres pays de l’Est. Le cobalt est de couleur bleu foncé, avec des taches grises claires sur les ailes et les mâles ont un collier noir / blanc.                    

Conclusion

Élever des perruches Alexandre exige beaucoup de patience, d’argent, d’efforts, des kilomètres à faire pour acheter l’oiseau idéal et aussi beaucoup de frustration. Ce n’est pas comme si vous éleviez des perruches à collier qui se reproduisent après 2 ans et pour lesquels il ne faut pas se faire beaucoup de soucis, car ces oiseaux sont plus résistants et plus faciles. Alors, sachez bien à quoi vous commencez, mais l’effort portera certainement ses fruits lorsque vous trouvez de belles mutations dans le nichoir.

Un grand merci à David Bessière, Sjack Bastiaan et Barry Kyme

Photos et texte Wouter Dierckx

Retravaillé par W. Vanbeginne