LA MAIN, l’être inconnu

Texte de Hildegard Niemann

Traduction : Carine Guillaume

UN RISQUE FATAL ?

Les mains humaines rappellent à un perroquet les serres d’un animal de proie. Il n’y a donc pas de miracle, que les potentielles proies affrontent cela avec beaucoup de défiance.

C’est le temps de midi et notre gris du Gabon femelle « Hope » attend son repas quotidien de fruits de midi. Aujourd’hui, elle reçoit ses fruits préférés : Grenades avec cerises. La gamelle est prête et je me rends près de la volière pour prendre Hope. Elle est posée sur la barre de la porte et me salue avec un sympathique « Huhu ». Comme je lui offre la main, elle la prend et me repousse prudemment. Ce geste ne signifie « pas maintenant » et c’était plus que très clair. Hope grattait le sol et creusait joyeusement dans sa caisse en carton. Elle m’appelle à nouveau pour contrôler si j’étais toujours là.

Elle ne veut toujours pas venir sur la main.

LA MAIN – Une partie du corps totalement inconnue pour les perroquets et les perruches. Les oiseaux ont des ailes et des pattes mais pas de mains dans leur sens. Ils manipulent des choses avec leur bec et avec leurs doigts et leurs griffes mais ils ne peuvent pas prendre quelque chose en main. Pour les perroquets, une main est quelque chose de très étrange. Elle leur est offerte comme perchoir. Une main peut caresser, câliner mais aussi être poussée sous les pattes ou les tenir. Donc la main est pour beaucoup de perroquet très problématique.

Dans mon métier je suis amenée à rencontrer beaucoup de perroquets qui se laissent volontiers caresser et s’exécutent de façon expressive pour grimper sur la main. L’éleveur s’approche par en-dessous avec la main et il s’esquive. Il se pose et pousse sa main en direction du perroquet, donc sous cette pression et cette façon de pousser ne le fait pas fuir malgré le fait qu’il essaye peut-être de becquer. La frustration et la méfiance sont la suite.

La main comme Monstre anxiogène ? Qu’est-ce qu’il se passe de travers et comment présenter la situation à nos oiseaux ?

Les perroquets n’ont pas peur des mains. Posés sur la main, les perroquets font la relation avec les humains entre le lien de la nourriture, des soins et de l’affection, ce qui est considéré seulement par la personne qui l’a élevé à la main ou aussi pour les personnes qui lui sont semblables, si c’est leur habitude. Les autres devrait être classé comme potentiellement dangereux et en conséquence, il faut être prudent avec les perroquets élevés mains si on les approche.

L’élevage à la main ne signifie donc pas nécessairement que le perroquet ira sur chaque main, il faut qu’il ait confiance.

Nous allons présenter un jeune perroquet qui va arriver dans sa future famille. Il se pose dans sa volière, le perchoir est monté du devant vers l’arrière de la cage et le perroquet est naturellement prudent et anxieux. Le propriétaire s’approche avec une friandise, qui sera volontiers acceptée par la main. Quand il tient maintenant sa main devant le ventre du perroquet pour que celui-ci monte, le perroquet grogne agacé et s’écarte. La friandise est attractive mais la main pas. Qu’a donc vu le perroquet ?

Les perroquets sont dans une position bilatérale pour voir. Leurs yeux se trouvent très loin en haut du crâne et sur les côtés de la tête. Avec cette disposition, les perroquets disposent pratiquement d’une visibilité ronde. Directement en-dessous de leur bec ils peuvent à peine reconnaître quelque chose. Approximativement à hauteur des yeux, les deux distances visuelles se chevauchent un peu, c’est pourquoi on peut parler au niveau de cette sphère d’un champ de vision binoculaire (vision spatiale).

Cette connaissance est importante pour les propriétaires de nos perroquets, car elle explique pourquoi il y a des fois des problèmes.

Le perroquet voit la friandise convoitée. Simultanément la main s’approche mais se trouve cependant en dehors de son champ de vision, parce qu’il ne peut pas la voir à cause de son optique.

Alors, il tourne un peu la tête et discerne qu’une main s’approche au-dessus et en bas. L’inférieur n’est pas prévisible parce qu’il s’approche d’une zone qu’il ne peut examiner efficacement.

Cependant, le dessus de la main tient la friandise désirée. Pour le perroquet, c’est tout à fait évident que le dessous de la main est esquivé donc il ne peut pas la contrôler. Maintenant, le propriétaire qui continue à s’approcher avec le dessous de la main, provoque du stress pour l’animal et il s’oppose. Il est indispensable d’établir une confiance et une amitié avec le perroquet.

Une main peut être offerte comme siège idéal, c’est inhabituel pour un perroquet ou une perruche. Le perchoir se balance peu, ce qui est normal pour des oiseaux. Et ils ne se déplacent pas non plus dans la pièce. Les branches ont de l’écorce que l’on peut ronger et des feuilles que l’on peut couper. Sur la main, il n’y a pas d’écorce mais bien de la peau, des montres ou des bracelets sans parler des ongles.

On prend peu de temps à observer les perroquets dans une volière, on pourrait voir qu’ils rongent leur perchoir, qu’ils y liment leur bec et se nettoient et ils utilisent leur perchoir pour faire de la gymnastique.

Alors posez-vous la question si votre perroquet fait ce genre d’activité avec votre main :

Il voudrait ronger votre peau, il voudrait limer son bec et jouer avec les accessoires de mode, arracher les ongles. Rien de cela ne vous rendrait heureux et en plus ça peut être très douloureux.

Mais cette ligne de conduite est normale pour un perroquet et on doit comme propriétaire, différencier si l’oiseau mord vraiment ou s’il cherche simplement de l’occupation.

Il faut instaurer une relation normale entre la main et le perroquet, donc instaurer une relation. Nous avons compris que les perroquets ont fondamentalement deux points de vue à apprendre pour que ce soit harmonieux dans leurs têtes. Ils voient donc simultanément deux mains sans devoir bouger la tête. Ils considèrent peu souvent la main comme un perchoir potentiel et ne comprennent pas qu’ils peuvent grimper sur cette « branche ».

Pourquoi le devrait-il aussi ?

Cette chose balance, à un bout mobile et est tout sauf fiable.

La confiance entre la main et le perroquet est à établir, nous devons alors travailler un peu autrement. Nous commençons avec le perchoir dans la volière. La nature ne connaît aucun angle droit.

Vous prenez calmement un perchoir et vous choisissez aussi certaines perches qui finissent dans la pièce de façon aveugle. Vous fixez finalement une barre aveugle sur la partie intérieure de la porte. Prenez garde que ça soit suffisamment long pour que le perroquet puisse s’y installer de façon confortable, mais suffisamment court pour que vous puissiez ouvrir et fermer la porte sans problème. La barre doit être installée à une hauteur appropriée, de façon à s’assurer que l’oiseau ne se cogne pas la tête, si vous fermez la porte et qu’il est encore assis sur la barre. Habituez-le maintenant à ce qu’il reçoive sa friandise préférée seulement sur cette barre. Si vous et l’oiseau vous sentez très bien de cette manière, vous pouvez maintenant commencer à travailler avec la porte fermée. C’est pour beaucoup de perroquets, qu’ils sont prêts depuis des années de façon inconsciente à agir facilement de cette manière. Nous souhaitons présenter un contact positif avec la main et ne pas créer pour l’animal, une expérience négative. Habituez lentement votre oiseau à cette pratique.

Laissez votre main au bout de la barre, en la dirigeant comme extension de la branche.

Faites attention au comportement de votre perroquet ! Quand il montre qu’il est fâché ou mécontent, retirer immédiatement votre main. C’est utile, si vous formez un poing avec la paume de la main en bas et poussez l’index autour d’une phalange en avant. Cela crée pour vous une relation relativement stable en tant que perchoir, et le perroquet a une surface sur laquelle il peut tenir facilement avec ses griffes (ça peut d’ailleurs être douloureux pour le maître), mais pas avec toute la patte. Il glisse d’ailleurs beaucoup ou peu tout autour et c’est pour lui très inconfortable.

Maintenant, vous offrez au perroquet avec l’autre main, une friandise et ce de façon latérale comme si le perchoir était amélioré.

Votre perroquet peut donc mieux voir la main qui lui est offerte car elle est dans son champ de vision.

Complémentairement, il a désormais le contrôle de la situation. Il décide lui-même, s’il désire être nourri par la main ou s’il préfère l’esquiver ou s’il préfère d’abord attendre. Vous verrez que le petit mec vient chaque fois un peu se nourrir dans votre main et ça sera pour vous deux un sentiment de satisfaction positif, quand une serre se repose sur votre main. Ne soyez pas exalté et bougez votre main avec le perroquet en l’écartant un peu lorsqu’il est posé dessus. Attendez de préférence, jusqu’à ce qu’il soit tout à fait posé de façon confortable et à ce moment-là, vous déposez seulement l’oiseau lentement sur une deuxième barre que vous aurez installé à l’extérieur de sa volière sur laquelle vous l’aurez préalablement entraîné.

Ainsi vous amenez le mouvement dans la main sans laisser tout de suite parcourir le perroquet et le déconcerter et faire en sorte qu’il s’envole.

Avec beaucoup de patience et de confiance votre perroquet se posera uniquement sur votre main.

Et il examinera l’être inconnu ! Il mâchera le pull-over, il mâchera la peau et s’intéressera de façon très intensive à l’alliance et aux ongles. Ce n’est évidemment pas prévu….

Comment décrit ci-dessus, un bras ou une main pour un perroquet est seulement une branche ou un siège un peu singulier.  Vous devez donc toujours avoir avec vous quelque chose de matériel près de la main afin que l’oiseau puisse se poser en urgence.

Dans ce cas, une languette en bois, un bouchon de Liège, une planche de balsa, des petites boules de saules, un bouchon en plastique et une petite cuillère de cuisine peuvent bien servir.

Si le perroquet piétine trop la peau, faites-le, osciller un peu avec le bras.

Il doit d’abord prendre son équilibre et ensuite, vous avez un peu du temps pour vous procurer un jouet convenable.

Si vous avez des bijoux, vous devez bien entendu les ôter avant d’avoir des contacts avec votre perroquet. (Rien ne fait plus de plaisir qu’un support hystérique, si la montre très chère se démonte).

Beaucoup de perroquets lèchent leurs doigts ou jouent avec. Chez certains oiseaux, on doit donc toujours se laver les mains en premier lieu avec du savon, quand on rentre à la maison.

Particulièrement les propriétaires qui ont l’habitude de prendre le bus ou le train et ne doivent pas y renoncer. Les barres de maintiens publics des transports en commun sont de vrai nid à bactéries. Et si votre système immunitaire supporte bien tout ça, ça ne veut pas dire que votre emplumé n’attrapera pas de virus. (Donc très important de se laver les mains). La plupart du temps la peau a un goût de sel et par conséquent beaucoup d’animaux aiment beaucoup la lécher. Donc votre perroquet ne dédaignera pas de lécher un peu de sel. Cela devient aussi désagréable quand les ongles sont recouverts de vernis. Ce qui était gai au début, peut devenir vite douloureux, car les becs de perroquets sont très vigoureux et peuvent avoir une pression énorme. En plus, il arrive que les bords soient bien aiguisés. Si vous tirez le doigt du bec, et que vous vous coupez aux bords et que vous saignez, ce n’est pas parce que l’oiseau a mordu, mais parce que vous vous êtes coupé. Il est plus rationnel de pousser le doigt dans le bec. En pressant doucement sur la tête du perroquet, vous lui dite un NON sèchement. En pressant le doigt de plus en plus profondément dans son bec, ça deviendra vite désagréable et il lâchera. En ayant agi de la sorte, vous avez repris le contrôle de la situation et vous lui avez montré, sans perte de confiance, que le jeu est terminé. C’est important que vous pris la décision et de l’avoir montré clairement à l’oiseau de façon amicale. A la longue du temps, un simple « NON » sera suffisant si la pression sur le doigt devient désagréable.

Hope ne vient pas toujours sur ma main. Elle me montre très clairement quand elle n’en a pas envie. Et je respecte sa décision. Mais finalement, elle monte sur ma main. Avec les autres membres de la famille, elle se laisse transporter avec un bâton. Elle a sa propre tête et me le montre aussi. Hope n’a pas peur des mains mais elle ne montera pas sur n’importe qu’elle main. C’est la même chose pour les humains, il y a des gens que vous n’avez pas envie de toucher.

Quand nous avons pris la même décision pour nous, alors nous devons aussi respecter que l’animal a le droit que l’on touche ou non son propre corps.

Nous devons faire une offre aux perroquets et aux perruches, nous devons demander, s’ils ont enfin d’avoir un contact. Mais nous ne devons pas être vexé si un animal dit « pas maintenant ».

Si nous analysons la situation pour nous-mêmes, si nous acceptons nos perroquets ainsi, comme ils sont et non comme nous voudrions qu’ils soient, alors, nous avons fait le premier pas de la construction d’une relation de confiance et pas de guerre ou de contrôle.

Photos provenant d’internet

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