La perruche de l’Himalaya
P.R. mai 2016
Andreas Vakmar & Bad Salzungen
Retravaillé par Freddy Lebon et photos Loodts Dirk
Traduction : William Vanbeginne
Un oiseau de volière agréable.
Introduction
Déjà, comme petit garçon j’étais fasciné par cette apparition élégante, avec le plumage toujours lisse, les couleurs agréables et le dessin linéaire tranchant des couleurs de la tête des perruches de la famille des psittacula. Ce n’est donc pas un mystère pourquoi depuis de nombreuses années et jusqu’à ce jour j’ai dans ma collection différents représentants de cette famille.
Dénomination
Du fait que dans l’ancienne RDA il n’y avait pas autant d’importations que dans les autres pays, cela va de soi qu’il n’était pas aussi facile de pouvoir acquérir ces perruches. Mais de temps en temps différentes espèces de perroquets arrivaient à passer par l’un ou l’autre chemin mystérieux par un petit trou dans la frontière, tellement surveillée strictement. J’avais à cette époque 25 ans et j’avais déjà une « connexion » pour arriver à obtenir de tels oiseaux. Un éleveur d’oiseaux plus âgé et que je connaissais avait les liens nécessaires. De cette manière à l’automne de 1982, je pouvais admirer deux couples de perruches de l’Himalaya totalement en couleurs qu’il avait ramenés de Leipzig. A cette époque cette espèce n’étais pas encore monotypique mais une espèce de perruche avec deux sous-espèces : psittacula himalayana himalayana et psittacula himalayana finschi (en néerlandais zwartkopedelparkiet = perruche à tête noire). Le nom entre les amateurs et dans la plus grande partie de la littérature spécialisée est d’ailleurs encore toujours maintenu. La dénomination « tête noire » est d’après moi totalement mal placée car la tête est de couleur ardoise grise et certainement pas noire !! De plus nous avons affaire ici avec deux espèces distinctes et non deux sous-espèces. L’une est la perruche de l’Himalaya (P.h.) d’une longueur de 40 cm qui vit dans la partie montagneuse de l’Afghanistan, Inde, Népal et West-Assam. L’autre la perruche de Finsch (P.f.) d’une longueur de 36 cm a son territoire en Myanmar (anciennement Birma), Thaïlande, Laos et Vietnam, donc plus tropical.
Malheureusement le nom perruche de Finsch peut provoquer un danger d’échange avec lui car en Amérique du Sud vit également une perruche de Finsch (Psittacara finschii) alors que cette espèce s’appelle officiellement perruche Veraguas. Sur internet j’ai déjà trouvé plusieurs fois des photos de la perruche Veragua accompagné à chaque fois du nom scientifique Psittacula himalayana finschi. Il faut donc faire attention !!!
Les perruches de l’Hilmalaya changent de propriétaire
L’âge des oiseaux que j’avais pu admirer était inconnu. Après de nombreuses insistances et un grand nombre de communications, j’ai quand même pu convaincre le propriétaire de me vendre un couple. Pour 2000 Mark RDA, les deux oiseaux ont changé de propriétaire. Nous, les amateurs d’oiseaux, nous basions sur les deux sous-espèces : la tête noire et la Finsch et pour éviter les fautes et les malentendus dans la suite de cet article, je vais continuer à utiliser ces noms. Dans la RDA d’alors, la littérature accessible était rare. La seule que nous avions à notre disposition était le « Lexicon der vogelhaltung » du Dr Franz Robiller (1986). Dans cet ouvrage il est noté que la perruche de Finsch est celle que l’on retrouve le plus souvent chez les éleveurs et que la forme nominale est celle qui se retrouve rarement. Dans le temps et encore maintenant c’était juste le contraire ! La forme nominale était et est encore celle que l’on trouve le plus et la perruche de Finsch était et maintenant est encore plus rare.
La forme nominale et la perruche de Finsch
Dans leur territoire d’origine ces perruches ne sont pas menacées. Elles se tiennent de préférence dans les forêts denses entre 650 et 3800 m de hauteur. Elles visitent aussi des paysages boisés dans des régions situées plus basses et puis elles ne dédaignent pas une plantation de fruits de temps en temps.
Leur alimentation est composée de graines, bourgeons, baies, fruits et fleurs.
A premier abord, les différences entre les deux espèces ne se voient que très peu. Lors d’une étude un peu plus approfondie, l’on remarquera que la forme nominale (P.h.h.) a une structure du corps plus puissante et qu’elle est plus longue. La couleur de fond de la perruche de Finsch (P.h.f.) est plus jaunâtre et le reflet bleu sur la tête est un peu plus léger. La différence la plus importante se trouve par contre dans les plumes les plus allongées de la queue. Chez la forme nominale la partie inférieure moitié des plumes de la queue est jaune et les plumes ont une largeur de 11 à 14 mm. Chez la perruche de Finsch la partie inférieure moitié des plumes de la queue est blanchâtre et large de 5 à 8 mm. La longueur de la queue peut être très variable entre les espèces et même entre les sexes.
Premières expériences
Les mâles des perruches à tête noire sont en règle générale de couleur plus intense que les femelles. La tâche à l’épaule de couleur rouge, brune n’est d’après moi pas une caractéristique fiable pour la différenciation entre sexes. J’ai eu un jour une très belle grande femelle avec une grande tache à l’épaule. Rosemary Low écrit dans son « papegaaienboek » (1983) que E.T. Vane a fait une étude au musée britannique sur des oiseaux empaillés adultes dont le sexe était connu. Des 26 oiseaux femelles empaillés il y en avait deux avec une tache rouge, brune sur l’épaule. Lorsque les mâles sont en condition de reproduction, leur bec devient de couleur orange profond alors que celui de la femelle reste plus terne.
Les perruches à tête noire ne sont pas des criards, elles ont une voix douce et mélodieuse qu’elles n’emploient que rarement.
Après une saison de reproduction très bien réussie, j’avais différents jeunes oiseaux à vendre. Mais à cette époque les éleveurs n’avaient pas d’intérêt envers ces espèces, jusqu’en 1996 un éleveur de l’ancienne Allemagne de l’Ouest vienne chercher un couple chez moi. Il était étonné de la qualité et surtout de la grandeur, ce que je ne comprenais pas. Les perruches à tête noire ont été très régulièrement importées dans la RFA, d’alors, et vendu environ 70 DM la pièce. Ces oiseaux importés devaient quand même aussi être bien colorées et être grandes assez. Peu de temps plus tard un autre éleveur s’est fait connaitre pour pouvoir obtenir un couple. Cet éleveur était affilié chez AZE (Artenschultz und zucht = conservation des espèces et élevage) dans laquelle il y avait hébergé le rayon psittacidés. Lui aussi était impressionné par les oiseaux et nous raconta que dans la RFA des oiseaux de cette grandeur n’étaient plus à trouver chez les éleveurs. Il c’était pour cette raison affilié à AZE pour pouvoir garder la forme sauvage d’origine. Je l’ai cru et je croyais pouvoir remettre les oiseaux à la bonne personne et ainsi un couple changeait de propriétaire encore ce jour-là. Deux semaines plus tard il est venu chercher encore un couple. Qu’il s’agissait d’un escroc je ne l’ai su que plus tard. L’homme n’avait aucun intérêt dans l’élevage et la conservation de l’espèce de cette perruche mais uniquement pour l’argent !! Le membre du club AZ avait jeté par-dessus bord son « esprit du club » et vendait mes oiseaux comme propre oiseaux d’élevage sur des bourses. Le prix en RDA était un bon morceau plus bas qu’en Allemagne de l’Ouest et en laissant le prix normal baisser un peu, il y avait encore suffisamment de marge et comme il le disait lui-même, il vendait ses propres jeunes pour une misère. Les oiseaux bons marchés du bloc soviétique étaient donc revendus avec de gros profits.
La sous-espèce finschi était, elle, très rare et donc difficile à trouver donc nettement plus chère et plus demandée. Cette espèce aussi était recherchée assidûment dans le bloc soviétique.
La tromperie n’est pas exclue
De manière totalement inattendue j’ai eu une idée dans les « pratiques commerciales » d’un éleveur et marchand, entre-temps décédé, de l’ancienne Allemagne de l’Ouest. Régulièrement j’avais des demandes de sa part pour lui livrer mes oiseaux. Cela m’étonnait qu’à ce moment-là il n’y avait plus de demande vers la forme nominale. Comme je ne livre jamais des oiseaux aux marchands, les demandes se sont tues et de même, les sonneries de téléphone. Plus tard, j’ai entendu par une victime escroquée comment toute cette affaire était montée. Le marchand achetait partout le plus possible de jeunes de la forme nominale, coupait la partie jaune de la queue et les vendaient comme de jeunes finschi avec de gros bénéfices. La colère des propriétaires ne venait que plus tard lorsque les plumes de la queue avaient à nouveau poussées. Quelques années plus tard j’ai visité, avec un éleveur qui est devenu depuis de nombreuses années un ami fidèle, un éleveur d’oiseaux bien connu qui habitait dans les environs de Stuttgart. Il nous a appris que les éleveurs de l’Est et des pays du bloc de l’Est délivraient des oiseaux très bon marché et pas seulement des psittacidés, ou à l’Ouest de prix énormes sont demandés. Nous avions à nouveau appris quelque chose !!!
Il faut vraiment rechercher des oiseaux de pure race
Les perruches à tête noires sont des oiseaux qui ne se retrouvent plus fréquemment dans les collections ou les parcs à oiseaux. Dans les annonces des revues spécialisées et sur internet l’on parle régulièrement « d’oiseaux de pure race ». La question qui est probablement posée par les éleveurs à la recherche d’oiseaux de pure race, et qui veulent d’abord les examiner avant l’achat, nous montre qu’il y a encore beaucoup d’oiseaux dans le circuit qui sont le fruit de croisements entre les deux espèces. Dans le temps l’on n’avait pas la connaissance des différences entre les espèces et sous-espèces et l’on reproduisait entre eux. La perruche à tête noire et la Fieschi se ressemblent très fort et consciemment ou inconsciemment il y a beaucoup d’hybrides qui se sont retrouvés sur le marché. Pour les nombreuses associations allemandes qui plaident pour la pureté, le maintien et la protection de la race, comme GAV qui vient de voir le jour il n’y a pas longtemps (2014), ces croisements sont totalement sans valeurs.
Mon élevage a commencé avec beaucoup de problèmes :
Avec mon premier couple de perruches à tête noires que j’ai acquis, je n’ai pas eu de chance. J’avais acquis un couple qui avait eu la meilleure partie de sa vie derrière lui et qui était occupé à profiter de la vie comme « rentier ». J’ai logé ce couple dans une volière extérieure de 5m avec joint un abri de nuit. Comme j’ai toujours considéré que les psittacidés, de n’importe quelle espèce, ne doivent être laissés dehors ou ne doivent pas passer l’hiver non chauffés, l’abri de nuit était et est toujours chauffé entre 5 et 8°C. Les psittaculas ont vite des problèmes lorsqu’il gèle. Ils ont, tout comme quelques autres espèces, comme les agapornis par exemple une sorte de pattes de chair. Sur cette base, je trouve que passer l’hiver dans un endroit où il ne peut pas geler est une obligation pour l’éleveur. En avril, la femelle a encore pondu 3 œufs dans un nichoir qui se trouvait dans l’abri intérieur. Les œufs étaient malheureusement non fécondés et n’ont pas été couvés. Les années suivantes plus aucune activité de reproduction n’a été vue. J’avais remarqué que les oiseaux devenaient de plus en plus lents et ne s’intéressaient plus à rien. Finalement le mâle est mort. Où pourrais-je trouver un nouveau mâle en tenant compte qu’il s’agissait encore toujours de la période RDA.
Un nouveau départ :
Après de longues recherches, j’ai trouvé un mâle de la sous-espèce Fieschi. Un peu plus tard j’ai échangé deux mâles de perruches à moustache (psittacula Alexandria) pour un mâle de la forme nominale. Malheureusement ma vieille femelle n’a montré aucun intérêt pour le nouveau mâle. Un peu plus tard ma femelle est aussi morte.
La chance m’est quand même apparue lorsqu’en 1989 un éleveur m’a laissé sa femelle après que son mâle soit mort, en échange du mâle finschii. Il s’agissait d’une femelle de la forme nominale et chez ce nouveau couple s’est installé directement une parfaite harmonie ! J’ai d’ailleurs pu remarquer que les perruches à tête noire le choix du partenaire peut se passer plutôt mal. Le mâle paradait régulièrement pour la femelle mais de reproduction on ne pouvait vraiment pas parler. Je ne pouvais qu’espérer que la saison de reproduction suivante serait meilleure et que peut-être j’aurais enfin des résultats de reproduction.
Enfin le succès :
A nouveau, j’avais installé dans l’espace intérieur différents modèles de nichoirs. Enfin le couple a choisi un nichoir bûche de 65 cm de profond et d’un diamètre intérieur de 18 cm où aurait lieu le premier résultat de reproduction. Le 18 mars 1990, le premier œuf a été pondu, le second le jour après et les deux ensuite avec un intervalle de deux jours. La femelle a commencé à couver à partir du second œuf et le mâle restait tout le temps devant le trou d’entrée du nichoir et faisait le guet. La femelle n’était pas sauvage au moment des contrôles et au mirage des œufs j’ai pu constater que les quatre œufs étaient fécondés. Au bout de 24 jours, le premier a éclot et les trois autres avec un intervalle de 2 jours chacun. Malgré les bons soins des parents, le premier poussin qui avait éclot a été retrouvé mort dans le nid au bout d’une semaine. Le mâle passait de plus en plus de temps dans le nid. Les poussins ont été bagués avec une bague fermée de 6 mm. Au bout de 16 jours les premières hampes ont fait leur apparition. Après environ 3 semaines les parents n’étaient plus dans le nichoir. A la place, ils ont commencé à travailler un tronc d’arbre à moitié pourris dans la volière extérieure. Pour le reste, tout se passa très bien et les 24, 28 et 31 mai les jeunes ont quitté le nid. Les jours et nuits suivants les jeunes recherchaient encore le nichoir. L’attitude plutôt orageuse des jeunes a rapidement diminué. Pour éviter les blessures, j’ai placé ici et là des tapis en coco pour rendre les extrémités de la volière plus visible.
Nourriture
Tous mes psittacidés reçoivent un mélange qui est composé à part égales de graines et d’un mélange de nourriture pour pigeons. Pour obtenir un mélange le plus naturel possible, ce mélange, soit une part d’un mélange pour perroquets et une part égale de nourriture pour pigeons est donnée uniquement sous forme trempée ou germée. Un « must » lors du nourrissage des psittacidés est l’offre de verdure et de fruits. Grâce à la grande diversité qui est actuellement à notre disposition, je prépare chaque jour une salade de fruits et légumes à tous mes perroquets. Celle-ci est composée alternativement de différentes sortes de fruits. De la pâtée à l’œuf et des légumes provenant de la nature (mouron, pissenlits, bourse à pasteur) n’est pas touchée par mes perruches à tête noire, par contre les branches fraîches de saule et/ou d’arbre fruitier est rongée avec grand plaisir comme chez la plupart des perroquets. J’ai toujours une grande réserve de «rozenbottels» dans le congélateur afin de toujours en pouvoir en présenter lorsqu’ils élèvent des poussins.
Les perruches à tête noire sont des oiseaux qui vivent longtemps s’ils sont bien soignés. Ils peuvent arriver à un âge avancé. Un mâle a vécu chez moi un peu plus de 20 ans. Son âge devait être plus élevé car quand il est arrivé chez moi il était déjà totalement en couleur. Les trois dernières années de sa vie il ne pouvait voler que difficilement. Pendant la mue, qui est d’ailleurs pour chaque oiseau une contribution lourde pour le corps, sa condition déclinait après chaque mue. Afin que ce mâle puisse encore se rendre dans la volière extérieure, j’avais attaché un peu partout des branches sur lesquelles il pouvait encore se promener d’un côté à l’autre de la volière. Avant qu’il ne meure, sa femelle a encore pondu 5 œufs fécondés et tous les jeunes ont bien grandi. Un ami éleveur de Tchéquie qui était venu chercher les poussins de cette année-là et qui a encore vu le mâle vivant nous fit encore ce commentaire : «voler, il ne sait plus mais pour le sexe apparemment il est encore bon.»
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