Le projet ARA – Les aventures des aras sauvages au Costa Rica
P.R. août 2017
Brian Kluepfel retravaillé par Bert Van Gils
Traduction : William Vanbeginne
Introduction par Bert Van Gils
Ces deux dernières années, nous avons gardé une tirelire avec le comité du BVP dans laquelle les bénéfices d’activités du BVP ont pu être offerts comme don pour une bonne œuvre (psittacidé). Depuis le départ, l’idée était de pouvoir soutenir un projet qui contribue directement aux perroquets dans la nature.
Sous la devise « beaucoup de petits font un grand » nous avons offert, deux ans plus tard, une belle somme au projet ARA au Costa Rica soutenu par le World Parrot Trust (WPT) avec un sou extra dans la poche provenant de l’édition 2016 du « Dag van de Papegaai » et du WPT Benelux. Grâce à cette donation nous sommes arrivés à avoir un contact direct avec le directeur du projet ARA sur place.
Comme remerciement pour cette donation nous avons reçu un bel article autour du projet au Costa Rica.
Pewe et Rose
Le vol d’un perroquet sauvage est une expérience unique pour l’œil et l’oreille. Le bruit enroué mais quand même presque humain lors de l’envol d’un scintillement de vert, rouge, jaune ou bleu. Imaginez que l’oiseau duquel on parle est un jeune qui provient d’un couple que vous avez-vous-même relâché dans la nature, que vous avez suivi de l’œuf jusqu’à ce qu’il quitte le nid. Un jeune qui est maintenant prêt à vivre sa propre vie dans la nature bien que le futur soit incertain et qu’il fait, littéralement, un saut dans l’inconnu.
Ceci est l’histoire des collaborateurs du projet Ara à Manzanillo, Costa Rica (2016) lorsque Pewe, un ara Buffon a quitté le nid pour la première fois. Son nom fait allusion à un oiseau divin de la culture locale BriBri. Cela n’a pas duré longtemps pour que Pewe fende l’air au côté de ses parents, comme s’il n’avait jamais fait autre chose.
Autant Pewe va bien, cela ne se passe, malheureusement, pas toujours aussi bien. Un ara Macao nommé Rose a vu le jour dans un palmier mort tout près de Punte Islita mais a été enlevé peu de temps après par des braconniers. Ses parents, eux-aussi, ont été élevés et relâchés dans leur habitat naturel par le projet ARA. Rose n’a probablement pas eu facile. Mais quand même, 7 mois plus tard les collaborateurs du projet ARA ont eu des nouvelles d’un ara Macao. Il s’agissait d’un oiseau qui était plutôt dans une mauvaise condition qui régulièrement se retrouvait à manger avec des poules d’un fermier local. Après des recherches, en effet il s’agissait de Rose !
Nous pouvons uniquement deviner ce qui s’est passé pendant ces 7 mois qui se sont déroulés. Il est probable que Rose a été élevée par quelqu’un du coin et qu’elle s’est échappée à un certain moment. Elle n’a jamais appris de ses parents à rechercher de la nourriture dans la nature et donc elle n’avait pas trouvé mieux que d’aller manger avec les poules.
Grâce à la nature sociale innée des perroquets, Rose a essayé de faire part du groupe de ses camarades moins colorés et non volants. Heureusement pour elle, elle se faisait bien trop remarquer entre les poulets et le projet ARA est arrivé à son secours.
Rose a été placée en quarantaine et elle a eu un traitement contre les parasites. Cela ne va plus durer longtemps avant qu’elle puisse rejoindre un groupe d’une dizaine d’aras qui vont être relâchés dans la nature plus tard cette année.
De ses congénères, elle va apprendre quelle nourriture sera présente dans la nature, ceci est une partie importante de la stratégie que le projet ARA applique. L’intelligence innée et la mémoire de chaque ara est pour cela indispensable car un jour elle sera libre et pourra élever ses propres jeunes dans la nature.
Décrocher de l’école du vol
Une autre expérience au sein du projet ARA est l’histoire de Baloo, un ara Buffon qui a été élevé à Manzanillo comme Pewe. En 2014, Baloo a été relâché dans l’espoir qu’il irait adhérer à un groupe de 30 congénères dans le coin. Au bout d’un petit moment il s’est envolé et en dehors de notre champ d’action et dans les 10 jours qui ont suivi, nous le recherchions avec anxiété, sans résultats.
La plupart des aras sont désorientés un court instant lorsqu’ils sont relâchés et alors volent pendant une certaine distance. La plupart se laissent alors mener par les autres aras du coin et un peu plus tard retrouvent le chemin de notre infrastructure, l’endroit où ils ont été relâchés. Chez Baloo cela n’a donc pas fonctionné, pas d’école du vol pour lui.
Heureusement, actuellement il existe un grand réseau social digital. Le projet ARA en fait usage ici et a envoyé un message de recherche pour Baloo. A notre grande surprise, Baloo avait choisi pour l’étranger car il avait été vu dans l’espace naturel San-Pond Sak Wetland au Panama. Kherson Ruiz de l’association « amis et voisins des régions côtières et nature à Bocas del Toro » pouvait nous raconter qu’un oiseau avait été sauvé qui était emmêlé dans les déchets sur la plage. Cet ara avait une bague argentée avec les initiales RM145 et c’était Baloo !
Cela a procuré pas mal de problèmes en administration et diplomatie pour récupérer une espèce animale protégée et la passer par la frontière mais notre grand aventurier est revenu sain et sauf dans son pays natal.
L’histoire de Baloo n’est pas unique.
Le projet ARA a déjà dû se mettre en mouvement 8 fois pour rechercher un oiseau qui se trouvait trop loin de son territoire de vie et de ses congénères après qu’il ait été relâché. Heureusement chaque fois avec un bon résultat et chaque oiseau a pu réintégrer le groupe qui vole dans la région de Talamaca au Costa Rica.
Le projet ARA
Les histoires comme celles de Rose, Pewe et Baloo illustrent les défis mais aussi les succès du projet ARA.
Cela fait maintenant plus de 30 ans que les expatriés Américains Margot et Richard Frisius ont créé l’organisation « Amigos de las Aves » (amis des oiseaux).
Deux ans après la mort de Mr Frisius, en 2010 celle-ci a été modifiée en « Association El proyecto Ara », chez nous connu sous le projet ARA.
Il y a deux grandes visées :
a) La réintroduction des magnifiques aras Macao et aras Buffon dans leur habitat historique au Costa Rica où autrefois on les retrouvait sur 85% du territoire
b) Assurer que ces oiseaux ont une chance honnête pour pouvoir reconstruire une population stable
Ces deux espèces d’aras se trouvent sur la liste I de la CITES des espèces les plus menacées et desquels le commerce en oiseaux sauvages est interdit avec comme exception la recherche scientifique.
Porté par des collaborateurs qui se composent principalement de bénévoles qui entretiennent chaque jour les volières et préparent la nourriture, le projet ARA a déjà obtenu de bons résultats en relâchant des aras à 3 endroits. Cela a commencé à la « station Osa pour la conservation de la nature ». Ces 3 dernières années également à Punta Islita près de l’océan Pacifique où il y a d’ailleurs une station de reproduction. Récemment il y a eu des réintroductions dans la région des Caraïbes du sud, près de Puerto Viejo, Manzanillo.
Entretemps, à ces 3 endroits, des dizaines d’oiseaux ont été relâchés. Au printemps passé nous avons découvert différents nids de ces oiseaux avec au total pas moins de 35 œufs !
Ceci montre que les oiseaux s’adaptent bien à l’environnement mais aussi aux nichoirs que nous avons installés dans les régions où il n’y a que peu ou pas de grands arbres morts encore présents.
Mais quand même, des histoires comme celle de Rose montrent que les défis de la capture illégale de perroquets continue à exister. Sam Williams, directeur du projet ARA nous dit : « C’est tragique de voir comment un jeune ara est tiré avec ardeur d’une vie dans la nature pour finir seul dans une cage ». Le projet ARA va pour cela commencer la surveillance des oiseaux et des nids par des personnes locales du Costa Rica et des collaborateurs propres. Il va y avoir aussi des investissements dans du matériel pour ces gens sur le terrain et des caméras pour placer dans les arbres.
Tirza Morales de la communauté BriBri, locale, dirige un programme éducatif dans la région de Manzanillo. D’autres choses comme l’action nichoirs augmentent les chances de reproductions – Pewe est né dans un de ces nichoirs – mais la protection des aras qui y sont maintenant présents est le plus important. Le fait que Rose, l’ara qui se promenait entre les poules, nous a été signalé par la population locale est un signe que le projet ARA est aussi apprécié par la communauté locale.
Il n’y a à ce jour que 25 à 35 couples reproducteurs de l’ara de Buffon au Costa Rica et au niveau mondial il y a moins de 1.000 exemplaires dans la nature.
L’Ara Macao, qui antérieurement se trouvait en si grandes quantités ne se retrouve plus que à quelques endroits. L’espoir du projet Ara est de faire revenir ce moment où ces petits bijoux volants n’étaient pas une vision si rare.
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